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LEADERSHIP ET RECONSTRUCTION 
 
 
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NEHEMIE II

C - EXEGESE DE NEHEMIE 2 : 
 
Le chapitre deux du livre de Néhémie nous donne la possibilité de voir le leader Néhémie en action. Néhémie vient en effet d’obtenir du roi l’autorisation et l’autorité nécessaire pour aller reconstruire Jérusalem. Il est question de voir comment il va procéder. Nous avons choisi d’étudier les versets 1-8 et 11-18 qui présentent à notre avis tout ce qui nous est nécessaire de savoir sur les préalables à la reconstruction selon Néhémie. 
 
V1 : Au mois de Nisan, la vingtième année du roi Artaxerxès, le vin était devant lui, je pris le vin et le donna au roi. Jamais je n’avais été triste devant lui. 
L’apparat critique soulève un certain nombre de problèmes : 
 
a)- Dans la version grecque des septantes et dans la vulgate latine de Jérôme, le mot ןיי (yayin) qui signifie : Vin, vigne, ivresse, s’enivrer, ivre est associé à la conjonction ו (ve) qui, signifie : Et, ou, mais, si, alors que, etc…Quoique ces textes soient anciens (3e-4e s), il apparaît clairement qu’il y a eu une volonté de rendre le texte plus compréhensible, en ajoutant la conjonction ו (ve) qui donnera à la phrase plus des sens ; nous préférons donc la version du texte édité. 
 
b)- Selon la version grecque des Septantes et la version syriaque, le ו (vav) qui se trouve à la fin du mot construit ינפל (lepana’) est la conséquence d’une dittographie c’est à dire, une erreur du scribe qui a écrit le même mot deux fois au lieu d’une ; 
L’expression וינפל (lepanaxv), composé de la particule ל (lamed) qui signifie devant un nom : vers, envers, selon, sur, quant à, à l’égard, à cause, avec, et du mot םנפ (paniym) qui signifie : 
- Face, figure 
- Présence, personne 
- Face (chérubins, séraphins) 
- Face (animaux) 
- Face, surface du sol, 
- Avec une préposition : En face de, en présence de, devant ; 
On constate en effet que le texte massorétique ajoute au mot םנפ (paniym) qui est à l’état construit la préposition ו (vaw) qui peut-être, dépendrait du mot précédent ; Nous pensons qu’il y a bien eu dittographie et que le ו (vaw) qui termine le mot םנפ (paniym) n’est pas à sa place. 
 
c)- Dans la septante, récession de Lucien d’Antioche (martyre 312) et dans la vulgate il y a omission de la particule négative ֹל(lo) qui signifie :Non, ne…pas, jamais ; L’omission de cette particule donne le sens contraire à la phrase et compte-tenu du contexte, nous pensons que le texte édité est plus proche de l’original. 
 
d) - Nous n’avons trouvé aucune indication pour expliquer le sigle « sg » 
 
e) - Dans la Septante ער (ra’) est plutôt transcrit par έτερος qui correspond à l’hébreu עֵר (rea). 
ער Ra’ signifie : mal, méchanceté, douleur, affliction, triste, malheureux, laid. Par contre, עֵר (rea’) signifie ami, compagnon, prochain, volonté, pensée. 
Comme nous le voyons il s’agit là de deux mots différents et compte-tenu du contexte de notre verset nous pensons que le texte édité est plus proche de l’original ! 
 
f)- La terminaison pluriel םִי (i’m) est suggérée à raison comme devant être à la place du ו (vaw) terminant le mot םנפ (paniym), problème résolu plus haut. 
Nous avons dans ce verset la date à laquelle se déroulent les évènements vécus par Néhémie, fils de Hacaliah et qui correspond environ à l’an 440 avant Jésus; 
Ce verset qui continue la narration insiste sur la tristesse de Néhémie déjà évoquée dans les versets précédents avec le mot ער (ra’) qui caractérise ce qui est mauvais, ce qui a trait au malheur, à l’affliction. 
De plus, il est question ici de décrire un moment de travail de Néhémie, échanson du roi « Néhémie a un poste de confiance ; il est échanson du roi à la cour de Perse résidant alors dans la capitale d’hiver, Suse. Son rôle consiste à goûter le vin du roi au cas où il serait empoisonné » . 
Nous constatons que Néhémie bien que travaillant près du roi n’a pas voulu feindre ce qu’il ressentait, au contraire il manifeste clairement la tristesse qui habite son cœur, même devant son maître. Néhémie bien que triste, affligé par ce qui arrive à son peuple, continue le travail qui lui est assigné ; Il aurait pu arrêter de travailler, chercher à s’enfuir pour aller à Jérusalem, attendre autrement l’exaucement de la prière qu’il a adressé à Dieu mais rien n’y fait: il vaque à ses occupations quotidiennes servir ce roi dont le peuple a une part de responsabilité dans ce qui arrive à son peuple. Pendant près de quatre mois, Néhémie va attendre patiemment le temps de Dieu pour l’exaucement de sa prière « Dans l’année civile qui commençait en automne, le mois de Kislev précède celui de Nisan d’environ quatre mois »  
 
V2 : Et le roi me dit : pourquoi as-tu le visage si malheureux ? Tu n’as pas l’air malade ; Ce n’est autre chose qu’un chagrin de cœur ; je fus saisi d’une crainte grandissante. 
L’apparat critique révèle le problème suivant : הלוֹח (choleh) qui vient du verbe הלח (chalah) et qui est le participe actif qal signifie : malade, maladie, souffrir, blessé, atteint, etc… est transcrit dans la septante par μετριάζωυ (métriazou) qui signifie : être pourvu d’un organe moyen, être modéré, se conduire avec modération, devenir modéré ou médiocre, perdre sa force. Le terme grec utilisé ne rend pas très exactement l’idée de maladie mais évoque plutôt une autre idée celle d’un enthousiasme atténué qui peut être considéré à notre avis comme une volonté d’expliquer le texte ; nous pensons que le texte édité est plus proche de l’original. 
On note la complicité qui existe entre Néhémie et son maître car il n’était pas permis de se présenter devant le roi avec un air triste ; Le roi remarque que son échanson est triste et il s’en préoccupe, il veut savoir pourquoi Néhémie est si triste ? Le roi qui est au courant de l’état de santé de son échanson conclut qu’il ne peut s’agir que d’une histoire de cœur ! Quel est ce roi qui à la cour s’inquiète des déceptions affectives de ses serviteurs ? Néhémie est appelé à ouvrir son cœur au roi, et à dire ce qui le dérange. Sa prière serait-elle en train d’être exaucée ? Doit-il se demander. Les remarques du roi vont cependant plonger Néhémie dans une grande peur : il y a deux termes utilisés pour marquer la grande peur qui habitait le cœur de Néhémie à ce moment-là :  
- אריאו (va’irah) qui est l’imparfait qal du verbe ארי (yare’) qui signifie : avoir peur, craindre, frayeur, s’effrayer 
- הבּרה (harebeh) qui est le hifil infinitif absolu du verbe הבּר (rabah) qui signifie : multiplier, augmenter, croître, être ou devenir nombreux. 
Ces deux verbes mis ensemble montrent à quel point plus le temps passait, plus Néhémie avait peur car les minutes suivantes pouvaient être bonnes ou désastreuses pour lui, tout allait dépendre de comment le roi allait réagir à ses déclarations « Le triste état de Jérusalem est la conséquence directe du décret d’ Artaxerxès d’en arrêter la construction (Esd 4. 7- 23). Néhémie met donc sa vie en jeu en soutenant une ville qui a été présentée au roi comme un foyer de rébellion . 
 
V3 : Je dis au roi : Que le roi vive éternellement ! Pourquoi mon visage ne serait-il pas triste quand la ville, le lieu où sont les tombeaux de mes pères est détruite et que ses portes sont consumées par le feu ?  
Néhémie choisit le courage d’exprimer ce qu’il ressent au roi, mais avant il utilise une formule appropriée pour s’exprimer devant le roi : היחי םלוֹעל ךלמּה (hamèlèq le’oulam yicheyè) ; Cette formule semble avoir été de rigueur dans les cours royales médo-perses, babylonienne et même en Israël car elle sera régulièrement utilisée par Daniel (Dn2.4 ; 3.9 ; 5.10 ; 6.6 ; 6.21), par Bath-Scheba(1R1.31) devant le roi. 
Néhémie s’exprime ainsi : pourquoi mon visage ne serait-il pas triste ? Puis il s’explique : Son problème c’est la ville qui est le lieu où ses ancêtres sont enterrés : On note l’usage de יתבא (‘abota) qui est le pluriel de בא (ab) qui signifie : 
- père, chef de famille, paternel 
- tête ou fondateur d’une maisonnée, d’un groupe, d’une famille, d’un clan 
- grand-père, ancêtre d’une personne, d’un peuple. 
Le mot בא (ab) désigne ceux qui ont vécu avant Néhémie et qui ont fondé son peuple sur les plans : biologique, moral, social, etc… 
Ces « ‘abota’ » qui ont une valeur affective, morale et même spirituelle ont été pour la plupart enterrés à Jérusalem, terre promise par Dieu à Israël son peuple. Jérusalem est en effet la première capitale de la terre promise, pays où Dieu a promis le lait et le miel au peuple d’Israël et de plus la ville qui abrite le temple où le peuple pouvait rencontrer Dieu. Que tout cela soit en ruine peut aussi signifier la fin du peuple et l’abandon total et définitif de l’Eternel. Néhémie bien qu’échanson du roi des perses se sent pleinement étranger à ce peuple ; Son peuple à lui,ses origines sont en train d’être anéanti ; Devant tout cela Néhémie ne peut que se sentir triste. Notons l’habilité de Néhémie au moment où il s’adresse au roi : Néhémie connaissait tout l’honneur qui en Orient, était dû aux tombeaux des patriarches ;  
Notons aussi l’usage de l’expression שׁאב וּלכּא הירעשׁוּ (Oushe’a’rèha ‘èqelou ba’esh) qui signifie et ses portes ont été détruites par le feu : הירעשׁוּ (Oushe’a’rèha) constitué de la conjonction ו (ve) et du nom masculin רעשׁ (sha’ar) qui signifie : Porte comme 
– porte d’entrée 
- Espace entre plusieurs portes, lieu de rencontre du public, marché 
- Porte de palais, temple 
- Cour du tabernacle 
Porte des cieux, enfer 
L’usage de רעשׁ (sha’ar) qui est au pluriel peut vouloir dire que tout ce qui fait la vie dans la ville a été détruit, la porte est en même temps lieu d’entrée et de sortie, moyen de protection. Une ville ou une maison qui voit ses portes détruites est livrée aux brigands, aux assaillants, etc… 
וּלכּא (Eqelou) est le parfait pual du verbe לכא (‘akal) qui veut dire être dévorer, consumer et son utilisation implique qu’il ne restait plus rien de ce qui existait comme portes, ainsi la ville n’était plus que l’ombre d’elle-même ! 
 
V4 : Et le roi me dit : Que désires-tu ? Je priai le Dieu des cieux. 
Devant une déclaration aussi émouvante de son échanson, le roi comprend qu’il doit faire quelque chose pour lui venir en aide et mettre un peu de joie sur son visage. 
שׁקּבמ (Mebaqesh) est le participe piel du verbe שׁקּב (baqash) qui signifie : chercher, exiger, désirer, faire une requête 
- Chercher pour trouver 
- Prier 
- Chercher la face. 
Le roi offre donc à son échanson la possibilité de formuler lui-même ses besoins ; D’exprimer lui-même ce qui mettra un peu de joie dans son cœur et donc sur son visage ! 
Néhémie a le réflexe de prier et il s’agit-là on imagine bien d’une prière silencieuse, mentale. On note l’usage du verbe ללפ (palal) à l’imparfait hithpael, le même verbe utilisé au verset 4 du premier chapitre lorsqu’il va recevoir les nouvelles tristes de Jérusalem et se décider à jeûner et à prier. Cet acte montre que Néhémie ne compte que sur Dieu, le Dieu des cieux et pas sur lui-même ou sur ses rapports privilégiés avec le roi. 
 
V5 : Et je répondis au roi : si le roi le trouve bon et si ton serviteur est agréable devant ta face, laisse-moi aller à Juda, la ville des sépulcres de mes pères pour que je la rebâtisse . 
La réponse de Néhémie est claire : הנּנבאו (ve’èbenènah) qui est l’imparfait qal du verbe הנב (banah) précédé de la conjonction ו (ve). Le verbe הנב (banah) signifie : -bâtir, rebâtir, établir, assurer une suite 
-construire, former une maison, établir une famille, 
-être bâti, être rétabli 
-être établie : Se dit d’une épouse sans enfants qui devient mère par les enfants d’une concubine. 
L’usage de ce verbe montre que le désir, le vœu de Néhémie est de relever, de restaurer l’honneur de יתבא תוֹרבק ריע־לא (‘èl-‘i’r qiberot ‘abota’) : La ville des sépulcres de ses ancêtres. Néhémie est prêt à reconstruire les édifices détruits mais aussi à redonner une « âme vivante » à son peuple qui semble bien en train de périr. Néhémie est un homme prudent, raison pour laquelle il garde dans sa requête sa position de serviteur du roi et souhaite avoir son soutien entier d’où cette formule ינחלשׁתּ רשׁא (asher tishelacheni’) dans laquelle on retrouve :-l’imparfait qal du verbe חלשׁ (shalach) qui signifie : 
-envoyer, envoyer en mission 
- Etendre, diriger. 
Néhémie veut aller reconstruire sa ville, son pays détruit par l’envahisseur mais il tient à le faire avec l’autorisation du roi colonisateur, d’autant plus que quelques années auparavant le roi des Perses avait ordonné l’arrêt des travaux de reconstruction du temple (Esd4 :7-22). Pour faciliter la décision du roi en sa faveur, il évoque l’appréciation du roi à son égard ךינפל ךדּבע בטיי־םאו (ve’im-yi’thab ‘abedeqa lepanèqa) qui signifie si ton serviteur est agréable devant ta face. Dans cette expression on trouve בטיי (yi’thab) qui est l’imparfait qal 3e personne du singulier du verbe בטי (yathab) ; 
Le verbe בטי (yathab) signifie : 
-Etre heureux, joyeux 
- Etre bien 
- Etre satisfait, avoir l’assentiment 
- Etre agréable, plaire. 
Par ses propos Néhémie tient à montrer au roi qu’il lui reste attaché et soumis tout en souhaitant reconstruire la ville où ses ancêtres sont enterrés. 
 
V6 : Le roi me dit : -la reine étant assise à côté de lui- combien de temps durera ton voyage et quand reviendra-tu ? Il plût au roi de m’envoyer en mission et je lui fixa un temps.  
L’apparat critique mentionne que la Septante et la Vulgate placent l’article devant תבשׁוֹי (yoshèbèt) qui est le participe actif qal du verbe בשׁי (yashab) qui signifie : 
- S’asseoir, 
- Etre posé, 
- Rester, 
- Demeurer, habiter, rester. 
Nous pensons que l’article n’a pas de place à cet endroit compte-tenu du contexte de notre texte ; Il est vrai cette idée de la présence de la reine n’est pas bien introduite dans la phrase. L’ajout de cet article pourrait donc être une volonté de corriger le texte initial. 
On peut avec Néhémie, pousser un ouf de soulagement car le roi vient de donner son accord pour qu’il aille reconstruire son pays ; de plus on remarque que le roi lui laisse le soin de fixer lui-même le délai nécessaire pour une telle mission. 
On peut noter la présence de la reine qui semble sans lien apparent avec les faits relatés car dans le récit elle ne joue aucun rôle : וֹלצא תבשׁוֹי לגשּׁהו (vehashegal yoshèbet ‘ètselo) qui signifie et la reine étant assise à côté de lui. Probablement, la reine a dû jouer un rôle qui n’est pas mentionné raison pour laquelle Néhémie tient à préciser ou signaler sa présence. On sait que la reine pouvait souffler à l’oreille du roi ses idées sur telle ou telle question selon la Bible Annotée et The Interpreter’s Bible il s’agirait de Damaspia la femme légitime du roi Artaxerxès mais selon R. Stedman : cette femme n’est autre que la reine Esther, que Dieu a prise parmi les juives pour la faire asseoir sur le trône de Perse ! Ce merveilleux concours de circonstances était déjà une réponse à la prière de Néhémie. Dans sa prescience, le Seigneur avait placé aux côtés du roi des Perses, à Suse, une femme juive. Elle avait certainement raconté à son mari l’histoire du peuple d’Israël et favorablement incliné son cœur à ses besoins . Tout cela s’explique par le fait qu’il y a une grande confusion autour de l’identité des rois Perses qui portent des titres au lieu de noms : Artaxerxès signifie le grand roi ; Assuérus signifie le père vénérable. Nous pensons avec R. Stedman que : « la connaissance de l’identité de ces rois n’est pas primordiale dans le récit. Il vaut mieux savoir qui étaient Esdras, Néhémie et Esther, et comment Dieu s’est servi pour accomplir son plan envers et contre tout » . Si Néhémie tient à signaler la présence de la reine, il y fort a parié que c’est pour saluer le rôle discret mais déterminant qu’elle a jouée dans la décision du roi.  
 
V7 : Puis, je dis au roi : Si cela plait au roi, que des missives me soient délivrées pour les gouverneurs de l’autre côté du fleuve afin qu’ils me fassent passer et entrer en Judas. 
Néhémie montre ici une fois de plus qu’il est prudent et prévoyant ; il connaît le voyage dans toutes ses étapes et il sait où il peut rencontrer des difficultés alors il souhaite obtenir du roi des lettres qui feront offices de laissez-passer. Le terme utilisé est ‘תוֹרגּא (iggeroth) qui signifie : objet roulé, missive, édit ; il ne s’agit donc pas de simples lettres mais de courrier à caractères officiels revêtu du sceau royal et des auteurs comme G. Crossley pensent qu’il s’agissait d’un décret nommant Néhémie gouverneur de Juda. Le voyage était non seulement long mais il fallait traverser différents territoires : 
- d’abord traverser les fleuves Tigre et Euphrate puis, 
- Traverser les villes de Our, Nippour, Babylone, Hamath, Ribla, Damas, Sidon, Tyr pour arriver enfin en Juda. 
Les lettres demandées par Néhémie devaient permettre de faire comprendre aux gouverneurs qui avaient autorité sur chacune de ces villes qu’il avait l’approbation et la protection du roi ; Notons que Esdras a eu recours au même procédé (Esd 6.6 ; 7.21) pour achever la reconstruction du temple après avoir fait face à une forte adversité. 
Il est fort possible que Néhémie ait prévu le cas de figure selon lequel il pourrait être bloqué dans une ville compte-tenu de son statut de juif et d’exilé mais aussi d’échanson du roi. Ces différentes casquettes ne le rendant pas libre de ses mouvements il devait pouvoir justifier le caractère officiel de son voyage. 
 
V8 : Et une missive pour Asaph, gardien de la forêt royale afin qu’il me donne du bois de construction pour les portes de la capitale, du temple et pour la muraille de la ville et pour la demeure que j’occuperai ; et le roi me donna ces missives car la bonne main de mon Dieu était avec moi. 
Néhémie décidément pense à tout : Pour reconstruire il faut du matériel, et au lieu d’aller voir sur place s’il en trouvera, il préfère prévenir en demandant au roi de lui accorder la faveur de prendre dans la forêt royale le matériel nécessaire à la reconstruction de Jérusalem. 
Asaph dont il est question est à ne pas confondre avec :  
- Le père du secrétaire d’Ezéchias 
- Un des fils de Bérékia, Lévite, musicien sous David, auteur de plusieurs psaumes ; Ses descendants existaient au temps d’Esdras et de Néhémie. 
Il s’agit plutôt d’un intendant perse sur les forêts royales. 
Les besoins de Néhémie semblent avoir été planifiés par objectifs :  
- Les portes de Jérusalem la capitale de Judas : centre des institutions civiles et religieuses 
- Les portes du temple : lieu d’adoration de l’Eternel 
- La muraille de la ville : ceinture de protection pour toute la ville 
Chacun de ces éléments restaurés permettra pleinement la réhabilitation de Juda, son peuple et sa ville. 
 
V11 : Et j’entrai à Jérusalem et j’y passa trois jours ». 
Enfin Néhémie entre dans la ville sainte par ailleurs capitale de Juda ; l’usage du verbe ב א , qui signifie entrer, venir, aller, atteindre, conduire marque l’arrivée de Néhémie ; mais au lieu de se précipiter au travail on constate qu’il prend plutôt des congés de trois jours !On note l’usage de שלשה qui signifie trois, triade, troisième ; de même, מים est le pluriel de jours, jour par opposition à la nuit, jour comme période de 24 h . 
En effet, Néhémie tient à préciser qu’il est resté pendant trois jours sans entreprendre quelque chose au sujet de sa mission. Etrange comportement pourrait-on penser ! Ces trois jours de repos, peut-être pour reprendre des forces après le long voyage, ou encore savourer les moments de retour au bercail ou tout simplement réfléchir sur la meilleure méthode pour remplir la mission ; le texte ne dit rien sur ce qui a meublé ces trois jours ; Notons qu’Esdras lui aussi à son arrivée à Jérusalem s’est reposé pendant trois jours avant d’entreprendre quoique ce soit ! 
 
V12 : Puis je me leva de nuit, moi et peu d’hommes avec moi sans informer quelqu’un au sujet de ce que l’Eternel m’avait mis au cœur de faire pour Jérusalem. Il n’y avait d’autres bêtes avec moi sauf la bête que je montai. 
L’apparat critique soulève un problème : ןתֹנ (noten) se retrouve plutôt sous la forme de נתן (natan) dans la version syriaque, la vulgate etc… 
De נתן (Nathan) est l’infinitif du verbe qui signifie alors donner, mettre, poser. Au qal ce verbe a le sens de : 
-Donner, accorder, permettre, attribuer, employer, consacrer, dévouer, échanger, prêter, commettre, délivrer 
- Mettre, fixer, désigner, assigner, nommer 
- Faire, constituer 
נֹתן (Noten) qui se retrouve dans le texte massorétique est le participe actif qal du même verbe et compte-tenu du contexte du verset il apparaît clair que le verbe נתן (natan) ne puisse être à l’infinitif ; Nous préférons la version du texte édité comme plus proche de l’original. 
Néhémie choisit de se lever de nuit pour commencer son travail, dans la plus grande discrétion. L’ancien testament semble accorder une grande importance à la nuit pour des missions capitales et difficiles : Jacob emmena sa famille de nuit pour échapper à un danger (Gn32. 22-24) ; Gédéon dut remplir la mission à lui confiée par Dieu de nuit car il craignait les hommes jg10.9 ; etc… 
Il est possible que la nuit soit indiquée car c’est le moment pendant lequel les activités sont en veilleuses, la ville se repose ; il n’y a donc pas trop de regards indiscrets, de témoins gênants. Néhémie a un soucis de discrétion car il ne prends avec lui que quelques hommes : l’usage de – טעמ (me’at) qui signifie : 
- un peu, peu, petit, pas assez, petit nombre, le moindre, le faible. 
- Petitesse, en petit nombre, court, trop petit, faible valeur. 
Et l’usage de שׁנא (‘enowsh) qui signifie : Hommes, gens, maris, mâle, serviteurs, frères, soldats, espions. 
Ces deux termes insistent sur le fait que Néhémie ait pris un petit nombre de personnes qui lui sont proches pour sortir de nuit. On peut penser qu’il ne voulait pas attirer l’attention sur lui, qu’il tenait à ce que personne ne remarque ses mouvements d’où l’usage du verbe דגנ (nagad) au parfait hiphil qui signifie alors : 
- Dire, déclarer 
- Annoncer, rapporter, raconter, dire ; 
- Faire connaître, exposer ; 
- Informer ; 
- Publier, proclamer ; 
- Avouer, reconnaître, confesser. 
Le verbe דגנ (nagad) au parfait hiphil est précédé de la particule négativeלֹ (lo) pour montrer qu’il n’était pas question de proclamer, d’annoncer de dire à qui que ce soit ce que Néhémie avait l’intention de faire et comme le dit R. Stedman : Sa première initiative fut d’inspecter de nuit l’ampleur des dégâts et de prendre la mesure des travaux à réaliser. Cet état des lieux lui permettra ensuite d’organiser avec précision le travail de restauration . 
 
V13 : je sortis de nuit par la porte de la vallée, et je me dirigeais vers la source du dragon et la porte du fumier et j’examinai les murailles de Jérusalem qui avaient été détruites et ses portes qui avaient été consumées par le feu. 
L’apparat critique soulève plusieurs problèmes : 
 
a)- Peu de manuscrits écrivent אְיגּה־רעשׁב (besha’ar-hagaye’) au lieu de איגּה־רעשׁב (besha’ar-hagay’). 
Il s’agit d’une expression qui désigne l’une des portes de Jérusalem : 
- ה־רעשׁ (sha’ar) signifie porte et est précédé de la conjonction ב (be) qui signifie devant un nom à, dans, par, pour, à cause de. 
- איג (gay’) signifie vallée et est précédé de l’article ה 
Cette expression signifie : par la porte de la vallée. 
Certains manuscrits (entre 3 et 10) ont pensés écrire autrement cette expression en ajoutant un ְ(sewa) sous le י yod du nom איג (gay’) probablement parce qu’après ce י (yod) il y a un א (aleph), les deux lettres n’étant pas vocalisés ; nous disons que rien ne permet cette vocalisation qui n’est faite que par peu de manuscrit ;nous pensons donc que le texte édité est le plus proche de l’original. 
 
b)- Dans la Septante, l’expression ינפּ־לאו (ve’el-penè’) est transcrite de cette façon יפּ־לאו (ve’el-pi’). 
יפּ (Pi’) étant le correspondant hébreu du mot grec στομα (stoma) qui signifie bouche, partie du corps chez l’homme, l’animal ; face, front d’une armée. Les deux expressions n’ont pas vraiment le même sens, nous pensons que le texte édité est plus proche de l’original. 
 
c)- Dans la Septante του συκων (ton sukon) qui correspond à l’hébreu ןינאתּה (hate’ènniyn) remplace ןינתּה (hataniyn) ; Dans la version syriaque, on retrouve plutôt l’équivalent de ןילתּה (hatiliyn) qui viendrait d’une corruption du texte massorétique selon l’éditeur moderne. 
ןינאתּ (Tanniyn) signifie dragon, serpent, monstre marin ; Dans la version du texte édité il est précédé de l‘article ; Par contre dans la septante il y a ajout d’une lettre le א (aleph) ce qui donne ןינאתּה (hate’enniyn) ; Or le pluriel de ןינתּ (tanniyn) est םןינתּ tannè’ni’ym ce qui peut faire penser à une erreur de copie. ןילתּה (Hatliyn) n’a absolument aucun rapport avec ןינתּ (tanniyn) et nous pensons que là aussi, il y a eu corruption du texte massorétique. 
 
d)- Dans la septante nous avons συν τρίβων (soun tribôn) qui correspond à l’hébreu רבשׁ (chober) à la place de רבשׂ (sober). 
רבשׂ (Sober) est la participe actif qal du verbe רבשׂ (sabar) que par erreur l’on peut souvent écrire רבשׁ (chabar). 
רבשׂ (Sabar) veut dire : Inspecter, examiner, attendre, espérer et au qal ce verbe signifie : examiner. 
Nous pensons qu’il s’agit là, d’une erreur et nous préférons le texte édité comme plus proche de l’original. 
 
e)- Un certain nombre de manuscrit de la septante et de la vulgate ont תַמוֹחבּ (bechowmat) à la place de תֹמוֹחבּ (bechowmot) dans le texte édité. 
תֹמוֹחבּ Bechowmot est composé de la préposition ב (be) et du nom féminin pluriel construit תֹמוֹח (chowmot) qui est le pluriel de הַמוֹח chowmah qui veut dire : mur, murs, muraille. 
En principe au féminin à l’état construit, on devrait retrouver la terminaison תַ (at ) au singulier et ֹת(owt) au pluriel. Nous avons préféré la version du texte édité comme plus proche de l’original. 
 
f)- selon le Qéré nous devons lire םיצוּרפּ םה (hèmperoutsi’m) au lieu de ce que le Kéré propose : םיצוּרפםה (hamephoratsi’m) ; un certain nombre de manuscrits ont םיצרפּ םשׁ (cham peratsi’m).  
En règle générale, le Qerey indique la vocalisation adéquate pour le mot écrit qui est alors appelé ketib. םשׁ est un adverbe qui signifie là, en ce lieu ; םיצרפּ  
(peratsi’m) vient du verbe צרפ (parats) qui signifie : rompre, briser, éclater, détruire ;Nous adoptons donc le Qerey. 
La porte de la vallée se trouve dans la muraille ouest de la ville, celle du fumier dans l’angle sud-ouest, par contre, la source du dragon est inconnue . Néhémie sort donc de nuit pour pouvoir inspecter, examiner la muraille pour apprécier l’ampleur des dégâts et certainement le meilleur moyen de reconstruire. Cette étape lui a tellement paru primordiale qu’il le fait avant de commencer quoique ce soit et de plus pour éviter d’être influencé, il préfère y aller tout seul. 
Il aurait pu demander qu’on lui fasse un rapport des dégâts, mais il a voulu se faire une idée lui-même de l’ampleur des dégâts dans la muraille. Rien ne lui échappe, car il tient à regarder aussi les portes qui ont été consumées par le feu. Ainsi au travers de cette inspection nocturne, Néhémie peut : 
-se faire une idée précise de l’ampleur des dégâts, 
-évaluer les éléments nécessaires à la reconstruction. 
 
V14 : Je passai devant la porte de la source et près de l’étang du roi et il n’y avait point d’endroit par où pût passer la bête qui était sous moi. 
Néhémie continue son inspection et on se rend compte qu’il est en train de faire le tour de la muraille. En effet la porte de la source était située dans l’angle sud-est de la ville. De l’angle sud-ouest d’où il est parti, il se retrouve au sud-est et nous apprenons qu’il évolue malgré une difficulté de taille : il n’y a pas d’endroit par où peut passer la bête qui le transporte. Ce détail indique le degré de dégradation de la muraille au point où il est difficile d’en faire le tour. 
 
V15 : Je montai de nuit par le torrent et j’examinai la muraille, puis je revins et entra par la porte de la vallée et fût de retour. 
Il s’agit ici probablement du torrent du Cédron situé à l’Est de la ville. Néhémie a fait presque la moitié du tour de la ville et suit la muraille septentrionale et occidentale ce qui le ramena à la porte de la vallée. Il avait presque fait le tour de la ville . 
 
V16 : Les chefs ne savaient pas où j’étais parti et ce que je préparai ; Jusqu’ici, je n’avais rien déclaré aux juifs, aux chefs, aux sacrificateurs, aux nobles, ni au reste qui s’occupaient de l’ouvrage. 
L’apparat critique soulève quelques problèmes : 
 
a)- On retrouve dans les septantes καί οί φυλάσσοντες (kaï oï psulassontès) pour transcrire l’hébreu םינגסּהו (vehasegani’m). 
L’hébreu םינגסּהו (vehasegani’m) est composé de la conjonction ו (ve), de l’article défini ה (ha) et du nom masculin pluriel םינגסּ (segani’m) qui vient de ןגס (sagan) qui signifie : 
-Magistrat, chef, puissant 
- Souverain, préfet, gouverneurs, dirigeants subordonnés 
-Préfet d’Assyrie et Babylone 
- Dirigeant officiel insignifiant. 
Le grec καί οί φυυλάσσοντες (kaï oï psulassontès) est composé de la conjonction καί (kaï), de l’article οί oï et du nom φυυλάσσοντες psulassontès qui est le pluriel du mot qui signifie : garde, veilleur ; Nous préférons la version du texte édité. 
 
b)- Plusieurs manuscrits de la septante et de la vulgate ont ישׂע (‘isè’) au lieu de השׂע (‘isèh). 
השׂע (‘Isèh) est la forme correcte du participe actif qal du verbe השׂע (‘asah) qui signifie : faire, fabriquer, façonner, accomplir 
-fabriquer, produire, préparer s’occuper de, etc… 
ישׂע (‘Isè’) peut être une erreur de copie, un oubli  
 
c)- Quelques manuscrits ont לע‘al au lieu de דע‘ad 
דע (‘Al) est une préposition qui signifie jusque, pendant que, tandis que. 
לע (‘Al) est une préposition qui signifie sur, au-dessus de, au sujet de, contre, quoique, auprès, vers, envers, pour, avec, outre. 
Nous avons là deux prépositions qui s’écrivent presque de la même façon mais qui n’ont pas le même sens : Nous pensons que compte-tenu du contexte du texte, la version du texte édité est plus proche de l’original. 
Néhémie tient vraiment à ce que l’on sache que personne ne l’a influencé dans ses décisions et dans sa manière de travailler. D’où l’usage de plusieurs termes qui désignent tout ce que Juda pouvait avoir comme responsables dans toutes les sphères d’activités :  
 
-a) םינגסּהו (vehasegani’m) qui est le pluriel de ןגס (sagan) et qui désigne le pouvoir exécutif et juridique: préfet, gouverneur, magistrat, etc. 
 
-b) םינהכּלו (velakohani’m) qui vient de ןהכ (kohen) qui signifie : 
- sacrificateurs, prêtres, sacerdoce, sacerdotal, ministre d’état 
- Prêtres que ce soit de l’Eternel ou païens, ou de Tsadoq, etc… 
- Sacrificateur d’Aaron 
- Souverain sacrificateur. 
- Chefs, princes. 
Bref, ןהכ (kohen) veut désigner toute la prêtrise 
 
c)- םירחלו (velachori’m) qui vient de רח (chor) qui signifie noble, magistrat, grand, illustre, celui qui est né libre 
 
d)- רתילוּ (ouleyèther) qui vient de רתי (yether) qui signifie : reste, restant, ce qui reste, les autres, race, etc… 
Ces mots précisent que toutes les couches de la société juive y compris les anonymes étaient ignorantes des actions et intentions de Néhémie. 
 
V17 : Je leur dis : Vous voyez le désastre dans lequel nous sommes ; comment Jérusalem est détruite et ses portes consumées par le feu ; Venez, rebâtissons Jérusalem et nous ne serons plus dans la honte. 
Néhémie après avoir à l’insu de tous, évalué les dégâts et probablement les réfections convoque tout le peuple pour communiquer ses intentions. Sa communication peut être divisée en deux parties principales : 
 
a) Le constat et le rappel de la situation désastreuse dans laquelle se trouve Juda : םיאר םתּא (’athem ro’im) où l’on retrouve םיאר (ro’im) le participe actif qal du verbe םאר (ra’ah) qui signifie : 
- Voir, examiner, regarder, inspecter, 
- Voir, apercevoir, avoir une vision 
- Considérer, prêter attention à, discerner 
- Veiller, regarder, fixement 
Néhémie met tout simplement les juifs en face de leur réalité en leur rappelant ce qu’ils vivent : הערה (hara’ah) c’est-à-dire : 
- mauvais, mal, méchant, désagréable, triste. 
- le mal, la détresse, la souffrance, la misère, la calamité. 
 
b) - L’appel à rebâtir : הנבנו וּכל (lekou venibenèh)  
-וּכל (lekou) est l’impératif qal du verbe ךלה (halak) qui signifie : aller, marcher, venir 
- הנבנו (Venibenèh) est l’imparfait qal du verbe הנב (banah) dont nous avons déjà parlé et qui en substance donne l’idée de construire ou reconstruire. 
Cet appel est accompagné d’une motivation : הפּרח דוֹע היהנ־אלו (velo’ niheyèh ‘od chèrepah) où l’on retrouve היה (hyaha) le verbe être ,associé à הפּרח (cherpah) qui signifie reproche, honte, insulte, mépris. 
 
Le message de Néhémie est axé sur le peuple juif : nous sommes dans la désolation, suivez-moi et nous en sortirons, cette réunion avait pour but de réveiller la conscience endormie de son peuple et de susciter en lui l’engagement à l’œuvre de reconstruction. Le discours de Néhémie dévoilait une rhétorique sage. En effet l’usage du « nous » au verset 17 de Néh 2, montre que Néhémie s’identifie à ses frères juifs et partage avec eux la douleur de la catastrophe qui prévaut . 
 
V18 : Je leur racontai comment la bonne main de mon Dieu avait été sur moi et quelles paroles le roi m’avait dit. Ils répondirent : Levons-nous et bâtissons, ils donnèrent des forces de leurs mains pour cette tâche. 
Pour davantage stimuler les juifs et les encourager à le suivre Néhémie raconte comment il a fait pour en arriver-là. Une façon de donner du courage aux plus sceptiques et peureux. La rhétorique néhémienne eut pour base la validation du projet par Dieu : c’est ce qui a poussé le peuple à être convaincu de sa faisabilité. Le levons-nous est apparu alors comme un cri populaire qui sonne le glas d’une déchéance et annonce la fin d’un abâtardissement ; en effet cela faisait un moment que cette situation durait et Néhémie devait être suffisamment convaincant s’il voulait être suivi, raison pour laquelle il fait un témoignage sur son expérience personnelle du secours de Dieu. Et cela va marcher puisque après ce témoignage, les hommes du peuple décident de façon ferme de lui prêter main-forte. 
L’usage de םוּקנ (nakoum) qui est l’imparfait qal du verbe םוּק (koum) qui signifie se lever, s’élever, devenir puissant, venir sur la scène exprime une prise de conscience et un changement d’état d’esprit ; au qal, ce verbe exprime :  
- le début d’un mouvement, d’une action, 
- une forme de révolte contre une situation humiliante. 
L’usage de וּנינבוּ (oubani’nou) qui vient du verbe banah utilisé par Néhémie au verset 17 marque l’adhésion du peuple à son projet de reconstruction. 
 
 
 
 
 
 
CONCLUSION PARTIELLE : 
 
Après l’exégèse du premier chapitre, il convient de faire les remarques suivantes : 
- Néhémie bien qu’étant parmi les privilégiés juifs en captivité n’a pas oublié sa patrie qui est d’ailleurs très présente dans son cœur. A l’amour pour sa patrie, nous devons associer le profond respect qu’il a pour Dieu et son désir de tout faire pour donner gloire à Dieu. De façon plus claire, l’exégèse nous a permis de constater que tout ce que Néhémie a pu faire dans le sens de la reconstruction était lié à l’amour qu’il avait pour Dieu et pour tout ce qui concerne son nom, ainsi que pour l’honneur de son peuple qui est par ailleurs le peuple élu de Dieu selon la pensée de l’époque. 
- Après avoir suivi les nouvelles tristes de la situation en Judée, Néhémie qui veut faire tout ce qui est en son pouvoir pour aider son pays et son peuple, choisit de chercher le soutien de l’Eternel par la prière et le jeûne avant de solliciter le secours du roi dont il était l’échanson. Il est clair que Néhémie vivait une relation personnelle avec Dieu au point où il était convaincu que quel que soit ce qu’il pouvait entreprendre, il avait besoin de la bénédiction et du secours de Dieu. 
- Dans sa prière nous constatons que Néhémie connaît bien la parole de Dieu et l’histoire de son peuple. En effet Néhémie sait que Dieu a le péché en horreur et que les transgressions d’Israël sont nombreuses au point d’avoir pu entraîner la colère de Dieu. Sa prière sera donc une sorte de confession des péchés pour son peuple en vue de réclamer la miséricorde Divine, en s’appuyant sur les promesses de Dieu. 
-Néhémie aura ensuite l’occasion de faire sa requête au roi et d’obtenir de ce dernier non seulement l’autorisation mais les moyens nécessaires pour aller reconstruire son pays. En demandant au roi son autorisation, Néhémie a fait preuve de prudence car, il aurait pu se heurter à des obstacles sur son chemin. Le mandat officiel qu’il obtient lui donne les pleins pouvoirs et l’autorité nécessaire pour mener à bien sa mission. 
En définitive, le premier chapitre de Néhémie nous a permis d’avoir une idée de quelques préalables à la reconstruction du point de vue du leadership : une relation personnelle avec Dieu et l’obtention d’un mandat officiel. 
 
L’exégèse du deuxième chapitre du livre de Néhémie nous a permis de faire les remarques suivantes : 
- Néhémie ne se précipite pas sur le travail, encore moins dans les réunions et rencontres avec les dignitaires qui sont sur place ; il veut se faire sa propre opinion, raison pour laquelle, il sort de nuit avec un nombre réduit de personnes pour inspecter la muraille. 
- Après l’inspection qui lui aura certainement permis de se faire une idée de l’ampleur des dégâts et de l’étendue de la tâche qui l’attendent, Néhémie convoque donc les principaux responsables ainsi que tous ceux qui peuvent être concernés par ce travail pour les informer de sa stratégie.  
- Au cours de cette séance de communication des objectifs à atteindre, Néhémie va motiver les participants en évoquant les perspectives heureuses qu’apporte le travail accompli à savoir : sortir le peuple et la ville de Jérusalem de la honte et de la désolation dans laquelle ils sont plongés. Pour les convaincre davantage, il raconte comment l’Eternel a été avec lui, une façon d’aplanir tous les doutes et toutes les craintes possibles. Ce discours de Néhémie va porter des fruits puisque tous les participants se mobilisent et adhèrent pleinement à la proposition de Néhémie : Le travail proprement dit peut alors commencer. 
Ainsi avant d’entamer la phase concrète des travaux Néhémie est passé par des étapes préalables : 
- solliciter l’aide et le secours d’abord de Dieu puis du roi pour avoir l’autorisation de reconstruire la ville sainte. Cela n’a été possible que grâce à la relation de confiance que Néhémie avait avec son Dieu et aux bonnes relations qu’il avait avec le roi. 
- Inspecter les lieux, se faire une idée par soi-même de l’étendue de la tâche. Ici le besoin d’objectivité et donc le refus de toutes influences externes dans la prise de décisions et la planification du travail sont à souligner. 
- Enfin, il y a la communication : dire à tous ceux qui seront associés à la tâche ce que l’on souhaite faire. 
Il ne suffit pas seulement de dire mais aussi de susciter leur adhésion au projet. 
Il s’agit de convaincre les hommes de suivre le mouvement initié. 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

(c) Rév Jean Patrick Nkolo Fanga - Créé à l'aide de Populus.
Modifié en dernier lieu le 6.07.2007
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