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NEHEMIE I

EXEGESE DE NEHEMIE 1 et 2 :1-8 et 11-18 
 
 
 
Nous abordons dans de ce chapitre, l’exégèse du premier chapitre du livre de Néhémie et de deux portions du deuxième chapitre ; nous utiliserons la méthode historico - critique. Nous livrons directement le résultat de nos travaux verset par verset, en suivant le plan de travail suivant : 
- contexte, 
- vérification de l’authenticité du verset, 
- analyse et signification 
 
A - LE CONTEXTE 
 
Le point focal est très certainement, le départ d’une bonne partie du peuple de Juda en exil à Babylone dès 597 av J.-C. ; en effet, Nabuchodonosor roi de Babylone, a envahit le royaume de Juda à cette date. Quelques années plus tard en 587 avant Jésus-Christ, Nabuchodonosor revient pour détruire Jérusalem, ainsi que le temple ; il prendra avec lui les ustensiles du temple, ainsi qu’une bonne partie de l’élite juive. Le peuple de Juda a perdu tout ce qui faisait sa fierté : sa terre, signe concret de réalisation des promesses de Dieu ; son temple, lieu de la présence de Dieu ; son roi, institution par laquelle, Dieu les dirigeait et leur transmettait sa bénédiction. 
En 538 avant Jésus-Christ, Cyrus roi des perses, envahit Babylone et autorise les Juifs qui le souhaitent à rentrer reconstruire leur pays, en leur accordant même les moyens pour le faire (Esd 6 :2-5) et en restituant les ustensiles du temple qui avaient été confisqués . Le retour au pays se fera de manière graduelle : 
- un premier contingent avec Zorobabel (538-516 av JC) pour la reconstruction du temple ; 
- un deuxième groupe avec Esdras (458-457 avant Jésus-Christ) ; 
- puis Néhémie en 444 avant Jésus-Christ. 
Après la prise de Babylone, Cyrus poursuit ses conquêtes puis meurt en 530 avant Jésus-Christ. Son fils Cambyse conquiert L’Egypte mais, échoue en Ethiopie. Darius I (522-486) prend le pouvoir et organise l’empire en provinces appelées satrapies et dirigées chacune par un gouverneur ; Après Xerxès I battu par les Grecs à Salamine (480), Artaxerxés I (464-424) prend le pouvoir, pacifie l’Egypte qui s’est révoltée. Quand Artaxerxés II (404-359) prend le pouvoir après Darius II (424-404), l’Egypte reprenant son indépendance, la province de Jérusalem est l’objet de toutes les attentions car elle occupe une position stratégique. En 458, le roi y envoi Esdras qui s’efforcera de mettre la paix entre juifs et samaritains. 
 
 
 
B - EXEGESE DE NEHEMIE I : 
 
V1 : « Histoire de Néhémie fils de Hacaliah sur ce qui s’était produit au mois de kislev, la vingtième année lorsque j’étais à Suse la forteresse ». 
L’apparat critique soulève deux problèmes : 
a)- Certains manuscrits des septantes notamment le codex Vaticanus (4e siècle) et la recension de Lucien d’Antioche (312),la version Syriaque, et la Vulgate , le nom de הילכח (Chacalyah) est plutôt transcrit par Kelkeia ; il peut s’agir d’une erreur, les deux noms s’entendant plus ou moins de la même façon ; de plus, l’ancienneté des témoins et l’anonymat du père de Néhémie ne sont pas suffisants pour remettre en cause le texte massorétique. L’évocation de הילכח (Chacalyah) ici ne semble être utile que pour distinguer Néhémie de ses homonymes : 
- Néhémie fils d’Azbouq et chef de la moitié du district de Beth-Tsour ; il travailla à la restauration des murs de Jérusalem (néh3.16) 
- Néhémie, l’un de ceux qui revinrent avec Zorobabel. 
Néhémie fils de Hacaliah était échanson du roi Artaxerxés I Longue-main (465-424 av J.-C.) roi de Perse ; Son rôle était de servir du vin au roi ; Son nom signifie : l’Eternel console. 
b)- suggère l’ajout de ךלמה אתּסשׁחתּראל הרשׂע עשּׁתּ (tesa’esreh leartahsaste ameleq) indiquant que le nom du roi Artarxerxès devrait être ajouté comme au verset 1 du deuxième chapitre pour, faciliter la compréhension du texte. Cet ajout manifeste la volonté de corriger le texte pour le rendre plus compréhensible. 
ירבדּ (Dibrê’) est la formule introductive régulièrement rencontrée dans les livres prophétiques et le plus souvent, elle est traduite par : « paroles de… » lorsqu’il est question de discours ; mais dans le cas présent, pour le livre de Néhémie, il s’agit de paroles mais aussi d’actes posés par Néhémie, tout comme le titre du livre des chroniques en hébreu est composé des mêmes termes qui sont alors traduits par : faits, actes. Nous avons donc préféré traduire ירבדּ (dibrê’) par histoire qui nous a semblé plus approprié. 
Néhémie est présenté ici sans titre de noblesse particulier et d’ailleurs son père Hacaliah est pratiquement un inconnu dans l’histoire du peuple d’Israël dans ce sens que lui non plus n’a aucun titre ni fait historique marquant à son actif. 
Le mois de ולסכ (kislev) correspond au neuvième mois de l’année juive qui en compte douze avec un treizième mois tous les deux ou trois ans. Il commence vers le milieu du mois de novembre et comporte 29 jours, le nom de kislev est d’origine assyrienne et se trouve dans les inscriptions de Ninive sous la forme kisilivou. Avant l’exil les Israélites avaient d’autres mois….. Après l’exil, ils ont peu à peu adoptés le calendrier Assyro-Babylonien dont ils se servent encore aujourd’hui . 
La vingtième année dont il est question se situe très certainement pendant le règne de Artaxerxés I Longue-main (surnommé ainsi parce qu’il gouvernait de vastes territoires) dont Néhémie était l’échanson, ce titre correspondrait à celui de ministre; il s’agit donc de l’année 445 av J.-C. 
יתייה (Hayiti) est le parfait qal première personne du singulier du verbe היה (hay’âh) qui signifie : 
- être 
- devenir, arriver 
- se passer, arriver. 
Nous l’avons traduit par : j’étais, et cet emploi indique que Néhémie est l’auteur des propos contenus dans le livre dont il est question. Il prend soin d’indiquer quelques repères historiques :  
- l’année et le mois, 
- le lieu où il se trouvait : Suse la forteresse. 
A cette époque, Susan en hébreu qui peut être traduit par Suse, était la capitale d’Elam, une province perse ; Susan était une ville importante car, ville-résidence d’hiver des rois perses située sur le fleuve Ulaï à 240 km du golf persique « Quand Cyrus eut fondé l’empire perse, il éleva Suse au rang de capitale, honneur q’elle partagea avec Ecbatane et Babylone » . L’acropole de Suse, région où se trouvait le palais royal, était remarquable et indépendante d’où son surnom de forteresse. 
 
V2 : « Hanani l’un de mes frères arriva, lui et quelques hommes de Juda et je les questionna au sujet des juifs qui ont survécu et au sujet de Jérusalem » 
יחאמ (Meâ’ach) est une expression composée dans laquelle on retrouve un pronom possessif avec le mot חא‘(ach) qui signifie frère : 
- frère de même père 
- frère de mêmes parents 
- de la même tribu 
- de ressemblance. 
יחאמ (Meâ’ach) désigne aussi bien un frère qu’un proche parent, mais d’après la répétition qui est faite en 7.2, il faut prendre frère ici au sens propre. Néhémie parle donc, de son frère Hanani et de quelques hommes de Juda en provenance de Jérusalem et donc, habilités à en donner des nouvelles. Raison pour laquelle, Néhémie les questionne sur ce que sont devenus ceux des juifs qui sont restés à Jérusalem et sur la ville. Le terme הטילפּה (haphele’thah) composé : de l’article ה (ha) et du mot הטילפּ (phele’thah) désigne les réchappés, le reste et il vient du verbe טלפּ (phalath) qui signifie se sauver, s’échapper, s’enfuir. Il est question de ceux des juifs qui n’ont pas connu l’exil, de ceux qui sont restés au pays. 
Ce verset montre l’intérêt que Néhémie portait pour son pays et son peuple car, avant de prendre des nouvelles de son frère ou de quelques proches parents, il veut savoir ce que sont devenus Jérusalem et ses habitants. Jérusalem avait une importance réelle aux yeux des juifs car elle abritait le temple de l’Eternel ; C’était la ville sacrée ; De plus, ceux qui y étaient restés pouvaient être considérés comme les dépositaires, les garants des traditions juives. Par l’existence de ce reste, le peuple juif continuait d’exister. 
 
V3 : Ils me dirent : Ceux qui ont survécu (ou qui sont restés) sont dans la province dans la misère et la honte ; et la muraille de Jérusalem est en ruine et ses portes détruites par le feu. 
Les informations sont inquiétantes : 
1. ceux qui sont restés sont dans la misère et la honte. 
L’usage de הערבּ (bera’ah) composé de la préposition ב (be) qui signifie dans, sur, parmi et du mot הער (ra’ah) qui signifie malheur, sinistre, affliction, douleur, souffrance, mal, méchanceté nous montre clairement que les juifs restés à Jérusalem souffraient.  
2. Jérusalem est en ruine et ses portes sont détruites 
La ville sainte n’est plus que l’ombre d’elle-même, gardant l’image d’une ville saccagée par un peuple païen, et non reconstruite. Les portes qui sont l’élément principal en terme de sécurité et d’accueil, sont détruites ; Tout ceci semble être la description d’une ville abandonnée, sans habitants ou alors les juifs devaient vraiment être découragés et abattus pour ne pas reconstruire la ville. Ce récit est accablant d’autant plus que cent ans plutôt vers 538 av JC, un contingent de juifs est parti de Babylone sur un décret de Cyrus roi des perses pour reconstruire Jérusalem. Ces ruines peuvent dater de l’époque de l’invasion de Nébucanetsar ou alors du temps où la muraille en voie de reconstruction sous Esdras a été une fois de plus été détruite cette fois-là par Rehoum et Chimchaï qui avaient obtenu l’arrêt des travaux. Toujours est-il que l’état de dégradation et de découragement à Jérusalem est inquiétant. La muraille en effet symbolise la sécurité d’une ville comme le dit R. Stedman : Une muraille évoque généralement la puissance et la protection. Dans l’antiquité, les murs d’enceinte d’une ville étaient le premier, le dernier et le seul système défensif. ; laisser la muraille d’une ville en ruine, c’est être à la merci des brigands et autres envahisseurs. Les Israélites devaient vraiment être découragés et abattus au point de penser qu’ils n’avaient plus rien à protéger. 
 
V4 : Quand j’entendis ces mots, je m’assis et je pleurais ; Je me mis en deuil pendant plusieurs jours jeûnant et priant devant le Dieu des cieux . 
Les nouvelles sont tellement tristes que Néhémie prend le deuil pendant plusieurs jours, montrant ainsi son attachement, son amour pour son peuple et sa ville sainte. Néhémie était à la cour du roi de Perse, à une place privilégiée, ne vivant pas les souffrances de son peuple ; Il aurait pu s’estimer heureux d’avoir échappé, mais il est triste pour ce qui arrive à son peuple, tellement triste qu’il porte le deuil comme s’il avait perdu un proche parent.  
Le terme םימשּׁ היהלא (élohé’ hashamah’im) qui signifie Dieu des cieux est plus perse qu’Israélite et indique que Néhémie a vécu et était bien intégré dans la société perse . 
הלבּאתאו (Va’ète’abelah) est le hithpaèl à l’impératif première personne construite du verbe לבּא (abal) qui signifie : 
- Etre affligé, s’attrister, être en deuil 
- Pleur, lamentations d’un humain, d’une chose 
- Etre en deuil, être désolé, avoir péri. 
La forme hithpaèl est la forme réfléchie du pièl et marque l’intensité d’une action. 
Tout ceci pour dire que Néhémie est vraiment affligé par les nouvelles qu’il reçoit de Jérusalem et de ses habitants et il le manifeste de façon visible. 
Ainsi Néhémie va entamer le jeûne et la prière. Le jeûne était indiqué dans les moments d’afflictions, lorsque le peuple voulait attirer la miséricorde et la pitié de Dieu les jeûnes furent parfois proclamés en temps de fléaux (jér 36.9 ; joël 1.14)  
La première mention biblique d’un jeûne volontaire se rapporte au roi David lorsqu’il suppliait Dieu de sauver son enfant malade (2sam 12.22). Néhémie jeûne pour pouvoir attirer la pitié de Dieu, c’est pourquoi, ce jeûne est associé à la prière. ללּפּתמוּ (Umitepalel), forme hithpaèl au participe du verbe ללפ (palal) qui signifie intercéder, prier, supplier ; précédé de la conjonction וּ (ou) pour préciser que םצ (tsam) qui signifie : jeûnant et ללּפּתמוּ (oumitepalel) qui veut dire : priant sont exécutés en même temps d’une part ; et d’autre part, notons que l’intensité marquée dans l’action de la prière avec l’usage du hithpaèl indique une fervente dévotion de Néhémie. 
Ce verset nous montre la piété de Néhémie, et peut partiellement justifier sa tristesse car à Jérusalem se trouvait le temple de l’Eternel Jérusalem est le symbole de la cité de Dieu : son lieu d’habitation et le centre vital du monde ; Savoir que Jérusalem était en ruine était une véritable catastrophe car pouvant signifier que Dieu n’était plus au milieu de son peuple. Néhémie se tourne donc vers son Dieu, l’invoque, lui présente sa détresse montrant ainsi qu’il est convaincu que seul le Dieu des cieux est capable de changer cette situation désastreuse. 
 
 
 
 
 
V5 : je dis : Ah Eternel Dieu des cieux, Dieu grand et redoutable, qui garde son alliance et est plein d’amour avec ceux qui l’aiment et qui gardent ses commandements. 
Selon l’apparat critique, plusieurs manuscrit font précéder דסח (chèsèd) de la conjonction ו (ve) suivi de l’article ה (ha) ce qui peut se traduire par et la bonté  
ou/et le plein d’amour ; or selon le contexte de ce verset, cet ajout ne peut s’expliquer que comme une erreur de copie. 
 
 
Néhémie commence sa prière en se souvenant de ce que Dieu est : Un Dieu fidèle avant tout. 
Bien sûr, il s’agit du Dieu des cieux, celui qui domine les cieux, l’univers. Du Dieu grand et redoutable qui n’a point d’égal en force et en puissance. Ce Dieu est plein d’amour pour ceux qui l’aiment et qui respectent ses commandements. Un Dieu qui veille sur son alliance. Le terme דסח (chêsêd) porte en effet l’idée de : 
- Bonté, fidélité, attachement, amour de Dieu, de l’être humain envers un autre 
- Solidité, consistance 
- Actes de bienveillances 
- Faveur, grâces 
Néhémie, rappelle à Dieu qu’il a contracté une alliance avec le peuple juif, alliance dans laquelle Dieu a fait des promesses à son peuple. 
 
V6 : Que ton oreille soit attentive et tes yeux ouverts pour écouter la prière de ton serviteur qui est entrain de prier devant toi jour et nuit pour le peuple d’Israël, tes serviteurs confessant les péchés du peuple d ‘Israël parce que nous avons pêché contre toi, moi et la maison de mon père, nous avons pêché. 
Néhémie veut être entendu et vu par l’Eternel :  
- Vu parce qu’il est malheureux, triste et qu’il le montre en prenant le deuil 
- Entendu parce que ses paroles ne reflètent que cet état de tristesse et d’amertume. 
Si l’Eternel le voit, il comprendra mieux ses paroles. 
Néhémie commence sa prière par reconnaître les pêchés du peuple d’Israël, sa lignée et lui. 
Selon Eusèbe , Néhémie appartient à la tribu de Juda, c’est donc dire qu’il se sent concerné au premier chef par tout ce qui arrive à Jérusalem capitale du royaume. A partir de sa connaissance de la parole de Dieu et de l’histoire de son peuple, il se dit qu’une telle ruine ne peut être que la conséquence de la colère de Dieu vis-à-vis de son peuple. En effet, les rois de Juda n’ont pas cessé de tourner le dos à l’Eternel, se livrant à toutes sortes d’abominations, allant jusqu’à tuer les prophètes de l’Eternel. Néhémie a rapidement fait l’examen critique de la situation et s’est rendu compte que le peuple a une grande part de responsabilité dans ce malheur et il sait que pour que cette malheureuse situation change, il faut réparer les fautes commises ; alors il demande pardon. Néhémie confesse les péchés de son peuple de sa bouche car étant loi du temple pour y faire des sacrifices. Notons que Néhémie se sent solidaire de son peuple car il aurait pu rejeter la faute sur ses pères, mais au contraire, il s’associe à eux et se fait leur porte-parole puisqu’ils ne sont plus là pour réparer les fautes commises . 
 
V7 : Nous avons très mal agi contre toi et nous n’avons pas observé tes commandements ainsi que les statuts et les ordonnances que tu nous a prescrit par Moïse ton serviteur. 
Néhémie poursuit sa confession en précisant que le peuple s’est écarté de la loi de Moïse qui contenait tout ce que Dieu attendait de ses enfants. En effet, l’Eternel a prescrit à Moïse sur le Mont Sinaï la loi sous forme de dix commandements (Ex20. 19-22) qui résument ce que Dieu attend des hommes au sujet : 
- des relations entre l’homme et Dieu, 
- des relations entre les hommes. 
Les ordonnances représentent la procédure à suivre pour accomplir une cérémonie comme par exemple, les prescriptions à suivre pour la fête de pâques, l’adoration au temple, les sacrifices, …etc 
Les statuts représentent les lois et règlements qui permettaient la mise en application de ces commandements de façon pratique. Ces termes : commandements, statuts, ordonnances sont réguliers dans le livres de Deutéronome (Dt4.27 ; 28.64 ; 5.31). 
Le non-respect de tous ces préceptes divins va conduire Juda dans la déchéance de l’exil. En effet, les rois seront les premiers à entraîner le peuple dans la corruption et l’infidélité tant spirituelle que morale. 
Le roi Manassé qui succéda au réformateur Ezékias érigea des autels au dieu Baal, fit passer ses enfants par le feu, pratiqua : incantation, magie et divination, installa une idole dans la maison de l’Eternel (2 R 21. 3-12) et comme le dit J. H. Alexander : ...Manassé plongea rapidement dans les profondeurs de l’idolâtrie, agissant plus mal que tous les rois de Juda qui l’avaient précédé, et même de manière plus abjecte que les peuples de Canaan épargnés par Israël  
Le roi Ammon qui lui succéda fit de même S’il est des cités, comme Chorazin, Bethsaïda ou Capernaüm que Dieu châtia parce qu’elles avaient refusé de se repentir après les miracles messianiques accomplis dans leur sein, il est des individus comme Esaü, Pharaon, Judas…ou Amon qui se sont délibérément engagés sur la voie d’un jugement irrécusable ; Le roi Josias entrepris des réformes ; Yoakhaz, Yoyakim et Sédécias le dernier roi de Juda firent ce qui est mal aux yeux de L’Eternel, ce qui entraîna la déportation du peuple à Babylone Selon les historiens, la déportation de Juda s’opéra en trois étapes. Le premier contingent d’exilés quitta Jérusalem la quatrième année du règne de Jojakim, autour de l’an 605. Un deuxième groupe de captifs fut emmené aux environs de l’an 597, lors du premier siège de Jérusalem par Nébucanetsar à la fin du règne de Jojakim. Et un troisième peut-être le plus important, fut emmené par Nébuzaradan, le chef des gardes, lors de la prise de la ville en l’an 586 . 
Néhémie veut effacer les actes de ses pères qui n’ont pas plus à Dieu avec leurs conséquences, raison pour laquelle il demande pardon à Dieu, convaincu que son peuple est allé trop loin dans le péché. 
 
V8 : Souviens-toi des paroles que tu as ordonnées à Moïse ton serviteur disant : quand vous serez rebelles, je vous disperserais parmi les peuples. 
Néhémie reprend ici les malédictions prononcées contre Israël dans le cas où le peuple transgresserait l’alliance conclue avec Dieu (Dt 28 :15-68). Il s’agit des bénédictions et malédictions que Moïse prononça entre le Mont Garizim et le Mont Ebal pour récompenser ceux qui obéissent à la loi de l’Eternel d’une part, et d’autre part punir ceux qui transgressent cette loi. 
Néhémie en se souvenant de cette partie de la torah a déduit que si le peuple vit dans la ruine et la désolation à Jérusalem, c’est la conséquence de la réalisation de ces menaces de l’Eternel. 
Le peuple d’Israël est en effet dispersé parmi d’autres peuples :  
- Certains sont restés à Jérusalem 
- D’autres sont à Babylone 
-Sans compter que bien avant tout cela Israël était déjà divisé en deux royaumes : Juda et Israël ; ce dernier royaume connaîtra aussi son déclin. 
Pour Néhémie, tous ces malheurs ne peuvent s’expliquer que par la colère de Dieu suscitée par les égarements de ses enfants. 
 
V9 : Mais si vous revenez à moi et gardez mes commandements et les mettez en pratique, si vos dispersés sont à l’extrémité des cieux, je les rassemblerais et je les ramènerais vers le lieu que j’ai choisi pour y faire habiter mon nom. 
Néhémie fait usage dans sa prière de sa connaissance de la parole de Dieu : Après avoir confessé les pêchés de son peuple et rappelé leurs conséquences, il cite aussi les promesses faites par Dieu aux repentants. Si Dieu a fidèlement exécuté ses menaces, il existe aussi des promesses . Néhémie arrive ici au point focal de sa prière : faire revenir Dieu à de meilleurs sentiments au sujet de son peuple. Après avoir rapidement analysé les informations que lui donnent Hanani et les autres venant de Jérusalem et connaissant l’histoire de son peuple, Néhémie a compris que la colère de Dieu agissait toujours sur son peuple. Pour intercéder pour son peuple, il juge utile de demander pardon puis de rappeler à Dieu les promesses faites au cas où il y aurait repentance. Ce verset évoque l’idée contenue dans le livre de Deutéronome (12. 56 ; 30 :1-5) : La restauration promise lorsque le peuple frappé par la colère de Dieu se repentira et reviendra à Dieu. 
La promesse contenue dans ce verset est appropriée à la situation car il est justement question de Jérusalem, la ville où fût bâti le temple selon le vœu de David avec le quitus de l’Eternel (1 Chr 22. 10). 
Selon la pensée juive, la présence de l’Eternel était manifeste dans le temple de Jérusalem. Or, Jérusalem est en ruine et dans la plus grande désolation ; Néhémie s’appuie donc sur les promesses de Dieu lui-même au sujet de Jérusalem pour réclamer son soutien pour la restauration de cette cité, mais aussi du rassemblement du peuple dispersé. 
 
V10 : Ce sont tes serviteurs et ton peuple que tu as sauvés par ta toute-puissance et ton bras fort. 
Poursuivant dans sa logique, Néhémie rappelle à Dieu que les enfants d’Israël sont à son service parce qu’ils lui appartiennent car, Dieu les a délivrés à coups de miracles. En effet, Israël était en esclavage en Egypte lorsque Dieu envoya Moïse pour les libérer. Devant le refus de pharaon de les laisser partir, Dieu va au travers de Moïse, réaliser des prodiges et infliger des calamités au peuple Egyptien (les dix plaies : Exode 7. 17- 11. 10). 
Une fois le peuple sorti d’Egypte, il sera poursuivi par pharaon et son armée mais, une fois de plus, Dieu va permettre à son peuple de s’en sortir en traversant la mer rouge puis va détruire toute l’armée de pharaon, arrêtant ainsi leur poursuite. 
L’Eternel va conduire son peuple à travers le désert vers Canaan où il va leur permettre de s’installer et de devenir maître des lieux. 
Ce verset qui résume l’action historique de Dieu pour Israël est pertinent, car il démontre aisément qu’Israël est bel et bien le peuple de Dieu ; tout ce que Israël a pu faire ou avoir n’a été possible que par l’intervention de Dieu. Même cette ville de Jérusalem dont ils ont été chassés, c’est Dieu qui la leur a donné. 
 
V11 : Maintenant seigneur que ton oreille soit attentive à la prière de ton serviteur et à la prière de tes serviteurs qui prennent plaisir à la crainte de ton nom et fais réussir ton serviteur aujourd’hui et accorde lui ce qu’il te demande devant la face de cet homme. J’étais alors échanson du roi. 
Néhémie est en train de terminer sa prière dans ce verset et il dévoile enfin son objectif : agir pour la réhabilitation de Jérusalem et de ses habitants dans l’immédiat. Néhémie a certainement ressenti au fond de lui un appel pressant pour intervenir et changer la situation dans laquelle se trouve son pays et son peuple. Compte-tenu du fait que Néhémie est échanson du roi, il doit solliciter l’autorisation de ce dernier s’il veut atteindre son objectif. 
L’échanson était « un officier qui versait la boisson dans la coupe et la tendait au roi. A la cour d’un monarque oriental, cette charge était l’une des plus élevée et requerrait la plus parfaite intégrité sinon l’officier risquait de se laisser corrompre et d’offrir au roi du vin empoisonné. L’accession à un tel office d’un étranger, inconnu à la cour du roi de perse quelle preuve de valeur morale pour Néhémie » . Néhémie était donc très proche du roi de Perse et avait toute sa confiance pourtant, il requiert d’abord l’intervention de Dieu. Il semble même décidé à ne plus perdre de temps devant l’ampleur de la tâche qui l’attend, l’usage de םויּה (hâyom) traduit par aujourd’hui est là pour l’attester. Néhémie veut réussir sa mission et il réclame le soutien et la bénédiction de Dieu, convaincu que sans Dieu il ne pourra réussir malgré ses relations privilégiées avec le roi de Perse. Par cette fin de prière, Néhémie montre l’attachement qu’il a pour son Dieu et pour sa Patrie qu’il considère d’ailleurs comme la propriété de Dieu. Néhémie pense donc que la gloire de Dieu ne doit pas être ternie, que le peuple de Dieu ne doit pas vivre dans la désolation et il se sent investi d’une mission particulière pour remédier à tout cela ; dans ce récit, nous voyons que Dieu a fait naître dans l’esprit de Néhémie l’ébauche de son projet . 
 
 

 

(c) Rév Jean Patrick Nkolo Fanga - Créé à l'aide de Populus.
Modifié en dernier lieu le 6.07.2007
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